Les figures de style viennent également au secours des personnages en leur épargnant l’expression brutale de la vérité. Or, l’amour de Phèdre pour Hippolyte, comme celui d’Hippolyte pour Aricie introduisent le chaos dans l’ordre familial, social, politique. Scène 6 – Hippolyte se laisse d’abord aller à « de noirs pressentiments » pour finalement se convaincre que son innocence le protègera et que son amour pour Aricie ne pourra être ébranlé. Her mother, Pasiphaë was cursed by Aphrodite to fall in love and mate with a white bull, giving rise to the legendary Minotaur. Phèdre est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine créée le 1er janvier 1677 à Paris sous le titre Phèdre et Hippolyte[1]. This sense of patriarchal judgment is extended to Phèdre's father, Minos, who is responsible for weighing the souls of the dead upon their arrival in Hades. », Phèdre sent qu’elle n’a plus toute sa raison, mais, dit-elle, c’est que « les Dieux m’en ont ravi l’usage. Chateaubriand exprime la conviction, en entendant le cri de Phèdre : « Hélas ! Phèdre sait que sa passion lui vient des Dieux qui « ont allumé le feu fatal à tout [son sang] » (II, 5,v.680). In the absence of her royal husband Thésée, Phèdre ends by declaring her love to Hippolyte, Thésée's son from a previous marriage. » (II, 5, 681-682). Le personnage de Phèdre est l’un des plus remarquables des tragédies de Racine. "[2][3] Contrary to Euripides, Racine has Phèdre die on stage at the end of the play; she thus has had time to learn of the death of Hippolyte. Elle essaie de s’emparer de l’arme d’Hippolyte pour se transpercer le cœur. Overcome by rage, Theseus banishes Hippolytus and invokes the god Neptune, who has promised to grant any wish of Theseus, to avenge him by his son's death. Elle lui conseille de prévenir les accusations en dénonçant calomnieusement les tentatives d’Hippolyte à son encontre. The instrument of others' suffering, she is also the victim of her own impulses, a figure that inspires both terror and pity. La tragédie repose sur la mimèsis, telle qu’Aristote la concevait, à savoir non pas une simple imitation du réel, mais un réel retravaillé par la création poétique : il importe donc de rendre l’histoire crédible au spectateur tout en veillant à « l’intrigue, les caractères, l’expression, la pensée, le spectacle[6]. Januar 1677 im Hôtel de Bourgogne in Paris statt. [opinion] Voltaire called it "the masterpiece of the human mind. Elle est à la fois victime de ses pulsions et coupable du malheur des autres, tout en aspirant à préserver toute son innocence. Phèdre is right to fear judgment; she is driven to an incestual love for her stepson Hippolytus, much like the other women in her family, who tended to experience desires generally considered taboo. En cela, elle rappelle les paroles de Socrate dans le Phèdre : « Les amants eux-mêmes avouent qu’ils sont malades plutôt que sains d’esprit ; ils ont conscience de leurs sentiments insensés, mais ils ne peuvent pas se rendre maîtres d’eux-mêmes [10]. Theseus has just been told by Oenone that Hippolytus has attempted to take Phèdre by force. Une nouvelle fois, il choisit un sujet de la mythologie antique déjà traité par les poètes tragiques grecs et romains. Phèdre : défense et illustration de la tragédie, « Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. Athalie (1691), Unter anderem mit einem Stammbaum der angeführten Götter- und Heldengestalten, sowie ihren gegenseitigen Bezügen. Scène 3 – Phèdre déclare à Œnone, sa nourrice, son souhait de mourir, né de son amour coupable pour Hippolyte, fils que son mari, Thésée, a eu d’un premier lit. Peut-être croit-il qu’en épousant Aricie, il préviendra le chaos, mais il se trompe car la fatalité et les dieux ne l’entendent pas ainsi. ». Phèdre (Racine), Didot, 1854. « Ses yeux, qui vainement voulaient vous éviter. Il a déjà eu recours à la litote « Si je la haïssais, je ne la fuirais pas » (I, 1, 56) qui revient à dire : « Je la fuis parce que je l’aime. Les textes sont disponibles sous licence Creative Commons Attribution-partage dans les mêmes conditions ; d’autres conditions peuvent s’appliquer. The British poet laureate Ted Hughes produced a highly regarded free verse translation of Phèdre. Elle connaît la coupable qui s’acharne contre elle : « O haine de Vénus ! Or celui-ci est bafoué par certains humains coupables d’hybris, c’est-à-dire de démesure, d’oubli de leurs limites fixées par leur nature, par leur destin ou par les dieux. La fatalité pousse Phèdre au crime, mais lui laisse la conscience de sa faute. Notons que l’amour n’a pas besoin d’être entaché d’immoralité pour opérer ses ravages. Scène 1 – Phèdre sent qu’ayant franchi les bornes de la pudeur, elle ne peut revenir en arrière et ne peut non plus renoncer à son amour. Eros et Antéros les conduiront tous deux à une mort certaine (thanatos) qui seule pourra rétablir l’ordre. Scène 2 – Phèdre invoque Vénus et l’engage à venger l’indifférence qu’Hippolyte a toujours témoignée à la déesse. Quand Thésée s’adresse à Neptune, il est entendu, et les mots proférés ont un pouvoir inexorable. Tout dans Phèdre a été célébré : la construction tragique, la profondeur des personnages, la richesse de la versification et l’interprétation du rôle-titre par la Champmeslé. Malheur également aux hommes dont les ennemis trouvent l'oreille des dieux, car ils ont tout à craindre : Thésée ne pourra empêcher Neptune de faire périr Hippolyte. La généalogie de Phèdre est pleine de sens : elle a hérité de sa mère l’intensité de ses désirs et craint après sa mort le jugement de son père, qui est juge aux Enfers. Or pour un janséniste, Phèdre et Hippolyte sont condamnés d’avance, non par la fatalité antique et la volonté des dieux mais parce que la grâce divine ne leur a pas encore été accordée ; quoi qu’ils fassent, ils ne pourront rien changer à leur destin tant qu'ils n'auront pas reçu la grâce divine. Aristote (traduction de Barbara Guernez). (IV, 2, 1150/1152). Quant au silence d’Hippolyte et d’Aricie, bien que tout à leur honneur, il les précipite dans la tragédie. In the character of Phèdre, he could combine the consuming desire inherited from her mother with the mortal fear of her father, Minos, judge of the dead in Hades. Scène 3 – Resté seul, Thésée clame la nécessité qu'il soit vengé malgré l'amour qu'il portait à son fils. Scène 4 – Le doute s'est insinué en Thésée qui décide d'interroger à nouveau Œnone. Robert Lowell's English translation Phaedra was published in 1961. Das Stück besteht aus 1654 paarweise gereimten Alexandrinern und ist eines der wichtigsten Werke der französischen Klassik. » (V, 6, 1561). Sénèque, philosophe et poète romain du Ier siècle apr. Phèdre ([fɛdʁ]; originally Phèdre et Hippolyte) is a French dramatic tragedy in five acts written in alexandrine verse by Jean Racine, first performed in 1677 at the theatre of the Hôtel de Bourgogne in Paris. « Quand tu sauras mon crime et le sort qui m’accable. Selon l’occurrence, celui-ci revêt plusieurs visages. Les dieux se jouent donc des hommes et s'en servent pour accomplir leurs desseins, « Ces Dieux qui se sont fait une gloire cruelle/De séduire le cœur d'une faible mortelle. As a result of an intrigue by the Duchess of Bouillon and other friends of the aging Pierre Corneille, the play was not a success at its première on 1 January 1677 at the Hôtel de Bourgogne, home of the royal troupe of actors in Paris. Hippolyte n’y tient plus : il déclare à Aricie qu’il lui faut révéler « un secret que [son] cœur ne peut plus renfermer (II, 2, 527-528), et face à son père : « c’est trop vous le celer » (IV, 2, 1119). Scène 5 – Thésée est informé du suicide d'Œnone par noyade et de l'égarement de Phèdre. « Mes crimes désormais ont comblé la mesure. Œuvres de Jean Racine, précédées des Mémoires sur sa vie, par Louis Racine. Act 4. Le mal est une torture mais son aveu en est une plus grande encore car ils savent qu’ils ne seront pas compris : « Tu frémiras d’horreur si je romps le silence » (I, 3, 238) prévient Phèdre et les mots d’Hippolyte à Thésée : « ma véritable offense […] malgré votre défense » portent les raisons qui l’ont amené à se taire jusque-là. Les ravages de la passion comme maladie de l'âme, ont été également explorés par les Anciens. Puis sa sœur Ariane fut tuée par Artémis sur ordre de Dionysos jaloux. Notons comment Némésis, fille d’Océan, se manifeste dans la pièce par le déferlement des eaux marines. The genealogy of Phèdre gives a number of indications as to her character's destiny. Le père annonce qu'il va rendre les derniers honneurs à son fils et adopter celle qu'il aimait. Rezension in: Papers on French Seventeenth Century Literature 18, Jg. Act 1. Les hommes, quant à eux, qu’ils parlent ou se taisent, ne peuvent rien contre la volonté divine et la fatalité. » (I, 3, 249) et encore : « Puisque Vénus le veut » (I, 3, 257), « Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, /D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables. » (I, 3, 226). Descended from Helios, god of the Sun, and Pasiphaë, she nevertheless avoids being in the judgmental presence of the sun throughout the play. du crime affreux dont la honte me suit » (IV, 6, 1291) que « cette femme n’est pas dans le caractère antique ; c’est la chrétienne réprouvée, c’est la pécheresse tombée vivante entre les mains de Dieu : son mot est le mot du damné. » (II, 5, 673-674) Elle sait que l’amour qui l’attire vers Hippolyte et celui qui rapproche Hippolyte d’Aricie ne sont pas de même nature et n’encourent pas le même jugement : « Le ciel de leurs soupirs approuvait l’innocence. Scène 3 – Théramène annonce la venue de Phèdre qui souhaite le rencontrer. With Phèdre, Racine chose once more a subject from Greek mythology, already treated by Greek and Roman tragic poets, notably by Euripides in Hippolytus and Seneca in Phaedra. L’intrigue politique – l’amour d’Hippolyte pour Aricie que le roi ne saurait accepter – et les péripéties telles que la mort annoncée de Thésée et son retour inattendu, nourrissent la première. Dans Phèdre, l’intrigue est essentiellement amoureuse et porte sur la passion interdite de la reine. With Phèdre, Racine chose once more a subject from Greek mythology, already treated by Greek and Roman tragic poets, notably by Euripides in Hippolytus and Seneca in Phaedra. En écrivant Phèdre, Racine s’inspire de la tragédie antique en illustrant les notions de mimèsis et de catharsis tout en répondant aux exigences de la tragédie classique, qui s’appuie sur des règles précises fixant le cadre dans lequel l’action est circonscrite et sur la nécessité d’obéir à la bienséance. Scène 2 – Thésée vient chercher des éclaircissements auprès d'Aricie. Scène 6 – Théramène revient, annonce que les navires n’attendent qu’un ordre pour mettre à la voile, qu’à Hippolyte les Athéniens préfèrent Phèdre et pensent que Thésée n’est peut-être pas mort. Fedra (Phèdre) è una tragedia in cinque atti scritta da Racine nel 1677.Si rifà ai classici ellenici e latini di Euripide e Seneca, ma il mito è rivisto sotto la luce di una morale e di una religione nuova: il Cristianesimo monoteista, non più il paganesimo politeista Hippolyte, quant à lui, ironise sur le dessein des dieux lorsqu’ils favorisent Phèdre et son fils : « Dieux, qui la connaissez, /Est-ce donc sa vertu que vous récompensez ? La pièce comporte 1 654 alexandrins. [4], A new translation by Timberlake Wertenbaker premiered at the Stratford Shakespeare Festival in Autumn 2009. Langue; Suivre; Modifier; Jean Racine. La présence de Thésée donne ainsi à l’action son unité. ». Another English production of the Hughes translation premiered at the Royal National Theatre in June 2009, with a cast including Helen Mirren as Phèdre, Dominic Cooper as Hippolytus, and Margaret Tyzack as Oenone. Rappelons-nous les paroles de Phèdre : « Je le vois comme un monstre effroyable à mes yeux. Relisons la préface de Racine : « Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause. Le héros racinien voit également son libre-arbitre considérablement restreint par la volonté des dieux. Déjà, la passion que sa mère Pasiphaé avait conçue pour un taureau blanc lui avait été inspirée par Neptune souhaitant se venger de son époux Minos. She finally succumbs to the effects of a self-administered draught of Medean poison, taken to rid the world of her impurity. » (I, 3, 238), ainsi qu’Hippolyte : « Ne pense pas qu’au moment que je t’aime, /Innocente à mes yeux, je m’approuve moi-même. Dans Phèdre, Vénus s'acharne contre la famille de la reine dont l'ancêtre, le Soleil, avait révélé les amours coupables de la déesse et de Mars. Scène 1 – Hippolyte annonce à son gouverneur, Théramène, qu’il s’apprête à quitter Trézène afin de se lancer à la recherche de son père, le roi Thésée. Et si Hippolyte n’en vient pas à de telles extrémités après sa déclaration à Aricie, il est dans la crainte de n’être pas compris : « Ne rejetez pas des vœux mal exprimés. Scène 4 – Hippolyte, prêt à partir, ordonne à Théramène de revenir sans tarder afin de lui donner l’occasion d’écourter son entretien avec Phèdre. Les deux citations suivantes sont célèbres pour leur métrique parfaite. Il ordonne alors qu'on informe son fils qu'il souhaite le voir et l'entendre et prie Neptune de ne pas exaucer son vœu de vengeance à l'égard d'Hippolyte. However, Oenone brings her the devastating news that Theseus has returned in perfect health. It is now one of the most frequently staged tragedies from the seventeenth century. Les amours qui naissent dans les familles mythologiques engendrent des monstres, parce que les membres en sont eux-mêmes souvent monstrueux. Il ne faut également garder à l’esprit qu’Eros est le principe primordial de vie et qu’il est indissociable de son opposé Thanatos. Act 2. Phèdre, tragédie de Sophocle, perdue. » (V, 7, 1625-1626). » Phèdre fait l’aveu impudique de ses sensations : « Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;/Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;/Je sentis tout mon corps et transir et brûler. (I, 1, 104-105). Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Nous savons Racine proche du jansénisme. » (I, 3, v. 273-276) Quand elle s’adresse à sa confidente, elle s’écrie : « Sers ma fureur, Œnone, et non point ma raison. C’est ainsi que l’entend Racine : « Phèdre n’est ni tout à fait coupable ni tout à fait innocente. Le sang versé réclame que l’honneur familial soit vengé et trouve réparation dans celui d’Hippolyte : « De son généreux sang la trace nous conduit: / Les rochers en sont teints ; les ronces dégouttantes / Portent de ses cheveux les dépouilles sanglantes. » (V, 6, v.1556-1558). Close to death and reeling about half-dementedly, under pressure from her old nurse Oenone she explains her state, on condition that she be permitted to die rather than face dishonour. » (I, 3, 181) ; plus loin, elle s’exclame : « Plût aux Dieux que mon cœur fût innocent […] ! Scène 6 – Théramène rapporte à Thésée la mort de son fils dans le combat qui l'a opposé à un monstre marin précipité sur la terre ferme. Scène 5 – Hippolyte, questionné par son père, garde le silence, et lui annonce son départ imminent. Racine n'adopta le titre de Phèdre qu'à partir de la seconde édition de ses Œuvres en 1687[2]. » (III, 1, 792). Tous deux préviennent donc le retour du Chaos primitif. With fresh hope for her liberty, Aricia reveals to her maidservant Ismène her feelings towards Hippolytus, who promptly appears to declare his love for her. L’hybris, qui conduit à la faute, à l’erreur (hamartia) et mène à l’égarement (até) , est puni par némésis. Citons encore les Héroïdes d’Ovide, et l’Énéide de Virgile, en particulier Les Amours de Didon et Énée. The character of Phèdre is considered one of the most remarkable in Racine's tragic oeuvre. Si l’on admet que la tragédie est la mise en scène de personnages contraints de livrer un combat où quelle que soit l’issue ils sont perdants, alors on dira que dans Phèdre, la parole est elle-même un enjeu de tragédie : entre parler et se taire, dissimuler ou confesser, Phèdre et Hippolyte sont prédestinés à une alternative qui les condamne. Elle est suivie d'un long silence de douze ans au cours duquel Racine se consacre au service du roi Louis XIV (il est son historiographe) et à la religion.